HIC&NUNC

202303_hic&nunc_©LaurenceFavre-1930
202303_hic&nunc_©LaurenceFavre-1932
HIC&NUNC_14 copie
H&N_LoopKine24fps 1404 copie
IMG_2091
hic&nunc-2137
hic&nunc-2177
H&N_LoopKine24fps 0649 copie
HIC&NUNC_15 copie
previous arrow
next arrow

HIC&NUNC, Installation filmique, en collaboration avec Xavier Bauer, boucle 16mm noir&blanc, 6'44mn – 2023

 

Texte de Maria Bill à l'occasion de la première version de hic&nunc, à l'espace nano (Zürich)

nano s’est transformé en une chambre quasi noire: une obscurité diffuse, douce et grise se répand dans l’espace intérieur grâce à une fine pellicule de gélatine noire appliquée sur les fenêtres des vitrines. Lorsque l’on entre, on se trouve né à né avec une grande surface blanche translucide suspendue au plafond. En la contournant, on découvre un projecteur 16mm sur son socle – une forte présence d’où sort un jet de lumière. Le bruit rythmé de son moteur raisonne comme un appel magique donnant naissance à des formes lumineuses mobiles et mystérieuses.

L’installation réalisée par Xavier Bauer et Laurence Favre propose au spectateur de visionner un film particulier: il s’agit d’une projection dédoublée. Dans l’épaisseur d’un bloc-écran de cire coulée et durcie – élément central de leur œuvre commune – se rejoue la duplicité de l’image. Un côté net, un côté flou. On passe d’une réalité à une autre, altérée, plus subtile et abstraite ou l’image acquiert une nouvelle autonomie. L’épaisseur de cire reçoit une image distincte, l’absorbe puis la rediffuse, la répand sur sa surface pour donner corps à un double fantômatique, un écho-ombre mouvante d’une action filmée. Une aura se manifeste, décrite par Walter Benjamin comme «unique apparition d’un lointain, quelle que soit sa proximité».

hic&nunc parle de matérialité et de reproduction, de reconstruction et de métamorphose. Le film enregistre une action qui cristallise la gestuelle de l’artiste au travail en une multitude d’impressions. On découvre des détails de matière, de coulures, de surfaces, des apparitions humaines, créant ainsi des effets de surprise. On assiste à la genèse d’une œuvre, à un processus de recherche plastique dans l’intimité de l‘atelier. C’est un portrait non didactique. D’un côté le sujet, de l’autre l’observateur-témoin qui va pérenniser l’action en la filmant. De la fusion de ces deux aspects de l’existence, en un temps donné, naît une nouvelle entité.

Le spectateur est exposé aux étapes qui traversent la fabrication de l’œuvre et du film de façon organique. L’œuvre se fond dansl’œuvre. Le film lui-même est ciselé. Ses images sont développées à la main, reproduites et projetées sur une pellicule. Des sons enregistrés à part dans l’atelier sont inscrits sur elle.

Ajoutés à l’image, ces cheminements sonores apportent une nouvelle dimension au visible. D’autres lectures sont possibles. On voyage, on imagine, on fabrique des histoires. Le travail des deux artistes met en lumière un monde indicible, vivant, multiple. Un monde infra-mince. L’Image-source – son essence, sa beauté première-propose une autre perception des éléments qui nous entourent, développe notre capacité à l’étonnement.

 

hic&nunc
Fiche technique

Installation filmique :
Xavier Bauer et Laurence Favre
Loop film noir & blanc 16mm (6’44mn), son optique mono
Écran de cire 66.5 x 50 x 4 cm


Film :
Avec Xavier Bauer, série des Corps vides
Caméra, son, montage : Laurence Favre
Développement : Laurence Favre @ LaborBerlin
Soundmix: Philippe Ciompi
Montage négatif : Monika Dörge
Laboratoire son et copie : Cinegrell Andec Filmtechnik

 

La réalisation de hic&nunc a bénéficié d'un soutien de la Ville de Genève